Martine 9 2015Avant de partir … Pèlerinage vers la COP21 à Paris

Pensées et réflexions de Martine Regenwetter avant le départ du pèlerinage vers la COP21.

Au moment de la conférence à Rio en 1992, j'étais encore trop petite. Celle de Kyoto en 2005 m'a marquée comme beaucoup d'autres jeunes de ma génération. Copenhague (2009), Cancún (2010) et les suivants sommets pour le climat m'ont surtout déçue. J'avais de plus en plus l'impression que la politique mondiale avance à pas minuscules et que ses initiatives sont de loin incapables de répondre aux défis qui se posent à l'humanité entière.
Nous voilà maintenant à deux mois du sommet COP21 de Paris. On nous dit que l'enjeu est d'aboutir pour la première fois à un accord universel et contraignant permettant de lutter efficacement contre le changement climatique et de faire en sorte que le réchauffement reste à moins de 2°C. Est-ce que nos politiciens vont y arriver ? Est-ce que nous allons y arriver ?

Rwanda eauLorsque je rends visite à nos partenaires en Afrique et en Amérique latine, tous me font part des conséquences du changement climatique. Au Rwanda, les périodes des pluies se décalent. Si avant on savait exactement quand semer, aujourd'hui la pluie qui doit arroser le semis se fait attendre. Au Cameroun, chez notre partenaire à Yaoundé, il n'y a souvent pas d'électricité car elle est produite par une hydroélectrique ... trop souvent sans eau pour l'alimenter. Au Guatemala, lors de ma visite en août de cette année, on aurait dû être en pleine saison des pluies, mais les paysans n'avaient pas vu une goutte depuis des semaines entières. Que de la poussière et une chaleur écrasante ! Le maïs, leur aliment de base, en a beaucoup souffert et on craint une famine. Ceux qui polluent le moins sont ceux qui payent au plus fort le prix du changement climatique causé en grande partie par les nations industrialisées. Me viennent à l'esprit les pensées du Pape François à ce sujet :

« Les énormes inégalités qui existent entre nous devraient nous exaspérer particulièrement, parce que nous continuons à tolérer que les uns se considèrent plus dignes que les autres. Nous ne nous rendons plus compte que certains croupissent dans une misère dégradante, sans réelle possibilité d'en sortir, alors que d'autres ne savent même pas quoi faire de ce qu'ils possèdent, (...) Nous continuons à admettre en pratique que les uns se sentent plus humains que les autres, comme s'ils étaient nés avec de plus grands droits. » (LS90) « L'environnement est un bien collectif, patrimoine de toute l'humanité, sous la responsabilité de tous. Celui qui s'approprie quelque chose, c'est seulement pour l'administrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons pas, nous chargeons notre conscience du poids de nier l'existence des autres. Pour cette raison, les Évêques de Nouvelle Zélande se sont demandés ce que le commandement « tu ne tueras pas » signifie quand « vingt pour cent de la population mondiale consomment les ressources de telle manière qu'ils volent aux nations pauvres, et aux futures générations, ce dont elles ont besoin pour survivre ». » (LS95)


Tout ceci n'est pas nouveau. Mais affirmé de manière si crue, cela ne peut passer inaperçu. Ça renverse tout simplement. Alors, ma marche vers la COP21 doit avant tout être un signe de solidarité avec ceux qui souffrent. Mais ce pèlerinage doit être plus, au-delà de la solidarité, il doit être une marche vers plus de justice et plus de paix. Car même si nous déplorons toujours les maigres résultats des conférences sur le climat et le peu d'engagement de nos politiciens, l'état du monde est aussi le miroir des relations entre économie, commerce, marchés et climat. Ces relations sont forgées par le comportement de consommation de nous tous, également par moi-même. Alors, si chacun de nous change, le monde va-t-il changer ?


Avec toutes ces réflexions et toutes ces pensées, je vais me mettre en marche. Ma partie du pèlerinage commencera tout juste devant ma porte, de l'autre côté de la Moselle, en Allemagne, dans le pays de la Sarre. Est-ce que ma marche sera accompagnée de soleil et de feuilles dorées ou est-ce que la pluie va me tremper ? Marcher dans la nature me rend toujours humble. Je vis de nouveau ce que je suis : une part de cette énorme création. Sur le chemin, je vais me confier à elle et je veux m'y réintégrer, loin des moyens de transport plus rapides que mes pieds et loin de toutes les facilités techniques qui caractérisent mon quotidien. Poser un pied devant l'autre, écouter ma respiration, faire le moins de bruit possible. Je voudrais passer sans déranger, sans laisser de traces négatives, m'intégrer et prendre ma place. Pendant ces jours, la nature reprendra ses droits, je lui serai exposée et j'accepterai ce qu'elle me donnera sur le chemin. Dans ma vie quotidienne, je m'éloigne trop vite d'elle et je contribue à sa pollution, même si c'est sans mauvaise volonté.


Moselle RemichSur le chemin, point de lieu pour beaucoup de bagages, beaucoup de choses. Tant de superflu dans ma vie de tous les jours. Un superflu qui est ma participation à une consommation qui anéantirait la planète si elle était généralisée. De quoi ai-je vraiment besoin ? Qu'est-ce que je vais emporter avec moi sur le chemin, qu'est-ce qui ne ferait rien d'autre que m'encombrer ? J'espère que le chemin me fortifiera dans ma résolution de consommer moins, de partager plus. Trop souvent, les résolutions se perdent dans le train-train quotidien.


Je me réjouis déjà à l'idée que je vais faire connaissance d'autres personnes qui seront tout comme moi en chemin. Tant de gens qui veulent changer quelque chose et qui pour cela poseront jour après jour un pas après l'autre, contre vents et marées. Tant de monde qui s'engage, sur le chemin et dans leur vie quotidienne. Déjà maintenant, cela me donne espoir. Je ne suis pas seule avec mes réflexions et préoccupations. Tous croyants, tous membres d'un même corps, chacun une partie de cette création, façonnée par ces différences qui nous enrichissent mutuellement.
J'espère que Dieu nous accompagnera sur ce chemin. Qu'il nous aidera à voir en quoi nous pouvons participer afin de renverser certaines des tendances actuelles néfastes. Qu'il nous pardonnera là où notre engagement est insuffisant. Qu'il nous affermira dans notre volonté de changer, toujours un peu plus.

 


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