La situation des jeunes à Segou
Le Mali est un pays qui dépend financièrement de peu de volets : l’agriculture, le coton et l’or. Cette circonstance rend son économie et sa subsistance très fragiles, elles dépendent fortement des aléas non maîtrisés comme la pluviométrie, le prix des matières premières, le prix du pétrole, les fluctuations des devises. Voilà ce qui explique que les problèmes liés à la désertification progressant au Mali ont engendré un exode massif des populations rurales pauvres vers les villes, dans l’espoir d’un avenir meilleur. À Ségou, le taux de chômage qui était déjà élevé s’est vu doubler avec leur arrivée. Pour de très nombreuses familles, la lutte pour la survie est quotidienne. Le Mali compte 19.329.841 habitants. Cette population est composée à 50 % de jeunes de moins de 18 ans. Le Gouvernement du Mali a élaboré une politique d’éducation dont l’objectif majeure est qu’au moins 80 % des enfants fréquentent l’école primaire. Mais, environ 20% de jeunes, la plupart issue d’un environnement socio – culturel défavorable, n'ont pas pu fréquenter l'école. Ils se retrouvent à la rue sans le moindre espoir de pouvoir mener une vie décente, la main d’œuvre non-qualifiée n’a guère de chances de trouver un emploi. Depuis que les groupes djihadistes recrutent dans le pays, ce groupe de population est encore plus vulnérable, sans perspectives d'avenir et sans possibilité de gagner de quoi nourrir leur famille, ils sont des proies faciles pour ces groupes armés.
Le projet veut encadrer et former des jeunes à risque, hommes et femmes, de la ville de Ségou et éviter qu’ils ne deviennent des jeunes de la rue ou qu’ils n’y retournent, pour ceux qui vivaient déjà à la rue avant d’être intégrés au programme de formation d’AJR. Le but d'AJR est d'éviter également tout enrôlement de jeunes dans les groupes terroristes. Pour vraiment résoudre le problème du chômage des jeunes, l’équipe d’AJR veille à aller avec son temps et à adapter les formations selon les besoins du marché ; actuellement, AJR propose des formations en coiffure/beauté féminine, plomberie/carrelage, coupe/couture, menuiserie bois et menuiserie métallique, ainsi qu’en mécanique auto / moto et en transformation agro-alimentaire.
Le grand défi: aider les jeunes à revenir à une vie régulière
Aux débuts de la formation, le grand défi était d’assurer l’assiduité des jeunes aux cours, c’est-à-dire de les rendre à nouveau capables de suivre un emploi du temps fixe, conditio sine qua non pour toute activité professionnelle. En effet, les jeunes étaient habitués à une vie sans structure régulière, il est donc très difficile pour eux de s’habituer à un horaire fixe. Pour cette raison, les éducateurs suivent de très près les jeunes qui commencent la formation. Les éducateurs interviennent, si nécessaire, pour les ramener aux études et pour résoudre avec eux les problèmes qui les découragent de poursuivre leur formation.
A la fin de leur formation, les jeunes volent de leurs propres ailes
A la fin de la formation de base, ceux qui sont particulièrement intéressés ou doués ont la possibilité de suivre deux ans de formation spécialisée en broderie/stylisme ou en menuiserie bois ou métallique.
Que ce soit à la fin de la formation de base ou de la spécialisation, le défi à relever est l’installation effective dans la vie socio-professionnelle de l’ensemble des jeunes encadrés par le projet. Pour cette raison, les jeunes reçoivent un kit de matériel de base pour leur faciliter le début dans la vie professionnelle, après avoir terminé la formation avec succès. L’AJR organise également un suivi régulier des jeunes insérés. On se rend compte que souvent les jeunes ne s’installent que tardivement à leur propre compte et restent un certain temps l’employé d’un atelier, mais 90% des jeunes que AJR a soutenus pendant la formation ont un travail et gagnent un salaire, que ce soit en tant qu’installés à leur propre compte ou en tant que salariés. Les cas où AJR perd des jeunes de vue après leur formation sont très rares.