Lors de cette première journée, Patrick Krãnipî a accompagné la délégation du CIMI, notamment Elza Xerente, pour assister la délégation brésilienne lors des interviews avec la presse italienne comme RAI 1, TV200 et Radio Vatican. Elza Xerente était à la une des actualités italiennes. Elle a bien su développer les défis auxquels se voient confrontés les peuples indigènes en Amazonie, comme par exemple les grands projets de barrage, les routes à travers les réserves indigènes, les problèmes de l’eau empoisonnée et de l’air pollué par des pesticides, les droits indigènes à la terre, les droits des femmes. « Notre Terre Mère n’est pas respectée, comment mes enfants vont pouvoir vivre demain sans leur Mère ? » a-t-elle lancé aux journalistes. Lors d’une table-ronde à Radio Vatican, la délégation du CIMI a eu l’occasion de s’échanger avec la rapporteur spéciale de l’ONU pour les droits des peuples indigènes, Mme Tauli-Corpuz.
Au cours de la soirée de ce premier jour, le CIMI a présenté le rapport annuel sur les violences contre les peuples indigènes en présence de Dom Roque Paloschi, président du CIMI, et de la rapporteur spéciale de l’ONU, Mme Victoria Tauli-Corpuz. Adriano Karipuna (Roraima), Jair Maraguá (Amazonas) et Marline Dassoler du Secrétariat National du CIMI ont également assisté à cette présentation. La démarcation et la protection des territoires indigènes sont de plus en plus menacées par la politique anti-indigéniste du gouvernement brésilien. De son côté, Dom Roque a exigé que l’Eglise abandonne son attitude colonialiste pour se mettre à l’écoute des peuples indigènes et pour les accompagner dans la lutte pour leurs droits.
La discussion cruciale actuelle au Brésil porte sur le fait de comment définir les droits indigènes. Les considère-t-on comme droits originaires, donc comme droits qui existaient avant leur définition par la Constitution ? Ou ces droits ont-ils été « accordés » aux indigènes par la Constitution de 1988 et par conséquent pourraient-ils être abrogés par une loi ?
À la fin du premier jour, Patrick Krãnipî a eu l’occasion de rencontrer des participants du Synode comme Cardinal Jean-Claude Hollerich, Dom Erwin Kräutler, évêque émérite de Altamira (Brésil), Dom Roque Paloschi, président du CIMI, Pirmin Spiegel, directeur de Misereor, Josianne Gauthier, secrétaire générale de CIDSE. Ce sont, entre autres, Cardinal Reinhard Marx (Munich), Cardinal Robert Sarah (Guinée française), Maurício Lopez (secrétaire de la REPAM), Cardinal Czerny Michael (secrétaire sortant pour les Migrants du Dicastère pour le service du développement humain intégral), Dom Felipe Dickmans (évêque de Miracema do Tocantins) qui ont tenu les premiers discours lors du Synode. Les différentes thématiques proposées par le Instrumentum Laboris, document préparatoire au Synode se basant sur quelque 85.000 questionnaires recueillis dans les 9 pays de la région amazonienne, ont été soutenus par la majorité des intervenants, mais néanmoins critiqués en partie par quelques autres. Lors des prochains jours, chaque évêque et chaque cardinal va prendre position individuellement face à l’Instrumentum Laboris. Chaque discours est limité exactement à quatre minutes et les participants du Synode ont le droit de faire part de leurs réactions. Dans les deux semaines à venir se dérouleront des discussions certainement animées et controverses autour des différentes thématiques concernant:
- La situation actuelle concernant les menaces mettant en danger la survie des peuples indigènes tout comme la situation concernant la biodiversité, l’agrobusiness, l’eau, la déforestation, les grands projets d’infrastructures et de l’industrie extractive.
- La situation pastorale dans les communautés de l’Amazonie : on a constaté un manque de prêtres et une absence d’accompagnement spirituel dans la forêt comme dans les villes.
- Les nouveaux chemins proposés concernant la pastorale de l’Église en réponse aux souffrances de l’Amazonie : réagir au cri des peuples et à celui de la nature, les ministères, la femme, les « viri probati » (l’ordination d’hommes mariés), l’interculturalité, le respect et la valorisation des spiritualités et cosmovisions indigènes.
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